Lannion-Trégor Communauté : le logement sous pression
Avec ses 57 communes et plus de 100 000 habitants, Lannion-Trégor Communauté (LTC) fait face à une crise du logement exacerbée par la pression touristique et le poids des résidences secondaires. Entre objectifs de logements sociaux non atteints et attractivité du littoral, ce territoire breton illustre les défis d’un équilibre fragile entre développement local et contraintes nationales.

L’agglomération de Lannion-Trégor Communauté comprend plus de 100 000 habitants, répartis, inégalement, dans 57 communes. Dont 7 à plus de 3 000 habitants. La ville de Lannion héberge à elle seule plus de 20 % de la population de LTC. Le Trégor est une zone en difficulté sur le secteur du logement, à l’image de la crise nationale.
Le climat politique, géopolitique et économique actuel rend les investisseurs frileux. « D’habitude, les logements vacants sont rachetés par des investisseurs. Ils les retapent complètement et les proposent ensuite à la vente ou à la location longue durée », explique Gaëlle Le Roux, conseillère immobilière dans les Côtes-d’Armor. En 2021, ces logements vacants représentaient 6,6% des logements de LTC.
Une agglomération touristique
Ce territoire de 904,4 km², très réputé pour son littoral, la côte de Granit rose, s’étend sur environ 250 kilomètres de côtes répartis sur 27 communes. De quoi faire venir de nombreux touristes, qu’il faut évidemment loger. Et pour cela, pas moins de 118 962 lits touristiques sont répartis dans les campings, hôtels et autres locations meublées. Il y a donc plus d’un lit touristique par habitant. La majorité de ces lits ne sont d’ailleurs ni en camping ni en hôtels. Les locations courtes durées de type AirBNB ou Abritel sont désormais préférées.
Zone touristique oblige, Lannion-Trégor Communauté comprend également 23,8 % de résidences secondaires parmi ses 70 901 logements (chiffres de l’Insee de 2021). Dans certaines communes, il y a plus de résidences secondaires que de résidences principales. Comme à Trévou-Tréguignec où le maire Pierre Adam nuance l’impact que cela peut avoir : « C’est sûr que ces logements libres, non-habités la majeure partie de l’année, ça fait empirer la crise du locatif. Mais une partie de ces logements sont des gîtes ou des résidences habitées 6 mois dans l’année. Certains propriétaires s’investissent quand même dans la vie de la commune. »
Sous la pression de la loi SRU
Point noir du territoire, les logements sociaux sont régulièrement au cœur des débats. Notamment depuis la mise en place la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain) en 2000, qui impose aux communes de plus de 3 500 habitants d’avoir 20 à 25 % de logements sociaux d’ici 2025. Les municipalités en dessous de 20 % s’exposent donc à des sanctions financières.
Dans le territoire de LTC, six communes sont concernées par cette loi : Lannion (17,9%), Perros-Guirec (10,1%), Pleumeur-Bodou (7,7%), Trébeurden (8,2%), Ploubezre (5,5%) et Plestin-les-Grèves (4,2%). Pour le moment, aucune n’a atteint le seuil obligatoire de 20%. Le maire de Perros-Guirec, Erven Léon, explique une des raisons de ce retard dans sa commune : « Les bailleurs sociaux ne veulent pas tous investir à Perros. Je pourrais décréter de faire 600 logements sociaux mais je ne trouverai pas un bailleur. Pour faire des logements sociaux, il faut un bailleur social. »
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Un population vieillissante qui impacte le marché du logement
Avec un âge moyen de 47,8 ans et près de 39 % de sa population âgée de 60 ans ou plus, Lannion-Trégor Communauté illustre un vieillissement démographique marqué. Dans un article de Ouest-France de 2022, Gervais Egault, maire de Louannec devenu président de LTC depuis, disait : « Nous devons avoir un accompagnement bienveillant du vieillissement de la population. » Cette évolution, qui devrait s’accentuer dans les prochaines décennies, soulève des défis importants en matière de logement. Les besoins spécifiques des seniors, comme les résidences adaptées ou les logements accessibles, deviennent une priorité pour répondre à cette transition démographique.
À ce jour, le territoire dispose de quelques infrastructures dédiées, comme les résidences seniors ou les Ehpad. Mais leur capacité reste limitée face à la demande croissante. Le vieillissement impacte également la dynamique locale. Une population plus âgée tend à réduire la mobilité résidentielle et à freiner le renouvellement du parc immobilier. Accentuant ainsi les tensions sur le marché du logement.
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